Traduction de http://mnmlist.com/goals/.
« En laissant faire, tout se fait. Le monde est gagné par ceux qui laissent faire. Mais quand on essaie encore et encore, le monde est hors de portée. » - Lao Tzu
Un des principes fondamentaux de la littérature sur le succès et la productivité est qu'il faut se fixer des objectifs pour pouvoir être couronné de succès (lisez Seth Godin à ce sujet – c'est d'ailleurs quelqu'un que je respecte).
Et de ce principe découle plusieurs autres croyances :
- Vous devez vous fixer des objectifs de la bonne manière (comme par exemple avec la méthode SMART).
- Vous devez scinder vos objectifs en tâches actionnables.
- Vous devez avoir des dates butoir et un calendrier.
- Vos objectifs doivent être au centre de votre journée.
Je le sais parce que je l'ai cru, je l'ai vécu, et j'ai écris à ce sujet, pendant très longtemps.
Jusqu'à récemment.
Jusqu'à récemment, je me fixais toujours des objectifs — à court et moyen terme, avec des listes de tâches. J'ai progressé sur chacuns, et accompli beaucoup d'objectifs (lisez mon histoire pour en savoir plus). Et avec ce point de vue traditionnel, j'ai été couronné de succès. Donc aucun argument : les objectifs fonctionnent, et vous pouvez réussir en utilisant des objectifs.
Mais est-ce que c'est la seule manière ?
Plus récemment, je me suis éloigné des objectifs, en me libérant des entraves des objectifs. Je me suis libéré parce que les objectifs ne sont pas idéals, dans ma manière de penser :
- Ils sont artificiels — vous ne travaillez pas parce que vous aimez ce que vous faites, mais parce que vous avez fixé des objectifs.
- Ils sont contraignants — et si on veut travailler sur quelque chose qui n'est pas lié à nos objectifs ? Ne devrions nous pas en avoir la liberté ?
- Ils nous mettent la pression pour qu'on réussisse, pour qu'on fasse certaines choses. La pression est stressante, et pas toujours d'une bonne manière.
- Quand on échoue (et ça arrive toujours), c'est décourageant.
- On pense toujours au futur (les objectifs) au lieu du présent. Je préfère vivre dans le présent.
Mais encore plus, voilà le problème avec les objectifs : on est jamais satisfaits. Les objectifs sont une manière de dire « Quand j'aurai accompli cet objectif (ou ces objectifs), je serais heureux. Je ne suis pas heureux pour le moment, parce que je n'ai pas accompli mes objectifs ». Ce n'est jamais formulé de cette manière, mais c'est ce que les objectifs impliquent. Le problème est que quand on atteins des objectifs, on atteins pas le bonheur. On se fixe de nouveaux objectifs, on lutte pour quelque chose d'autre.
Et bien que beaucoup de gens disent que lutter pour quelque chose est souhaitable, que nous devrions toujours lutter, malheureusement ça signifie ne jamais être satisfait. On est jamais contenté. Je trouve que c'est triste — nous devrions apprendre à être contentés maintenant, avec ce que nous avons. Voilà exactement ce qu'est le minimalisme.
Et si le minimalisme consiste à être heureux maintenant, avec suffisamment, avec le présent, en quoi est-ce compatible avec des objectifs ? C'est quelque chose que j'ai essayer de concilier pendant les quelques dernières années, avec un succès mitigé.
Alors qu'est-ce qu'un vrai minimaliste ferait à la place ? Si on est contenté maintenant, et qu'on abandonne les objectifs, est-ce que ça signifie qu'on ne doit rien faire ? Rester assis ou dormir toute la journée ?
Pas du tout. Ce n'est sûrement pas ce que je fais. Nous devons faire ce qui nous rend heureux, suivre nos passions, faire des choses qui nous exaltent. Pour moi et pour beaucoup d'autres, c'est créer, bâtir de nouvelles choses, s'exprimer, faire quelque chose d'utile, de nouveau, de magnifique ou qui sera source d'inspiration.
Voilà ce que je fais, au lieu de me fixer et d'atteindre des objectifs :
Je fais ce qui me plait. Tous les jours. Je me réveille, et travaille sur des choses qui me passionnent, je crée des choses que j'adore créer.
Je ne me soucie pas d'où je serais (professionnellement) dans un an ou même dans six mois, mais d'où je suis maintenant.
Je ne fais pas de plans, parce qu'ils ne sont qu'une illusion — on ne sait jamais ce qui peut arriver dans un an ou même dans six mois. Vous pouvez essayer de contrôler ce qui arrive, mais vous échouerez. Les choses arrivent, parfois bonnes et parfois mauvaises, et qui perturberont vos plans. Au lieu de ça, j'ai appris à aller avec le courant, ne pas me soucier des choses qui perturbent les plans, mais de ce que je fais à chaque instant. Ça me permet de profiter de plus d'opportunités que je n'aurais pu planifier, de travailler sur des choses que je n'aurais pas pu prévoir, de prendre des décisions sur ce qui est le mieux à chaque instant, pas sur ce que j'ai planifié il y a plusieurs mois.
Je ne force pas les choses, mais fait ce qui est le plus naturel.
Et je me concentre sur le présent, sur être heureux à chaque instant.
Ça m'a pris du temps — abandonner les objectifs est effrayant et inconfortable, mais si vous les abandonnez graduellement, ce n'est pas si difficile. J'ai lentement changé ma manière de travailler, et appris à travailler dans le moment, et d'aller avec le mouvement du monde qui m'entoure (sur internet et en dehors).
C'est une magnifique manière de travailler. Et sans surprise, j'ai accompli bien plus de cette manière, sans en faire un objectif. C'est une conséquence naturelle lorsqu'on fait ce qu'on aime.
« Un bon voyageur n'a pas de plans fixes, et ne compte pas arriver. » - Lao Tzu