mnmlist : Le minimalisme de ne pas savoir

Traduction de http://mnmlist.com/unknown/.

À notre époque, presque tout ce qu'on veut savoir se trouve à quelques frappes de touches, récompensant presque instantanément notre désir de savoir quelque chose.

Quel temps fait-il dehors ? Un petit tour sur notre application météo. Qui peut donc bien être Gabriel Garcia Marquez ? Une consultation de Wikipedia. Qui est l'acteur masculin principal dans le film « Moonrise Kingdom » de Wes Anderson ? Une recherche sur IMDB.com. Google, Reddit, Facebook, Twitter et compagnie nous disent tout ce qu'on veut savoir, tout de suite.

N'est-ce pas incroyable ? À peine 20 ans en arrière, c'était inimaginable. Si vous vouliez savoir quelque chose, il fallait allumer la télé et espérer avoir de la chance, ou regardez dans vos encyclopédies (si vous en aviez) et espérer avoir de la chance, ou aller à la bibliothèque et espérer avoir de la chance. La plupart du temps, on devait se contenter de ne pas savoir.

Une des choses que j'ai remarquée en éteignant mon ordinateur de temps en temps dans la journée (je travaille par tranches de 30 minutes), c'est que quand l'ordinateur est éteint, je pense souvent à une question dont j'aimerais avoir la réponse — et mon premier réflexe est d'aller sur l'ordinateur et faire une recherche. Je pourrais savoir en moins de 4 secondes !

Mais je m'arrête un instant, et j'examine cette envie pressante. Est-ce que c'est un vrai besoin, de savoir là maintenant tout de suite ? Est-ce que je ne peux pas attendre 30 minutes, voire même quelques heures, ou une journée ? Bien sûr que je peux. Ce n'est pas une question de vie ou de mort, de sécurité nationale, ou quoi que ce soit d'important en fait.

Donc je m'arrête, et je me note de regarder ça plus tard. Puis je remarque quelque chose d'autre d'intéressant : ne pas savoir est un phénomène étrange pour moi, maintenant. Ne pas savoir est quelque chose qui m'est inhabituel. OK, bien sûr, il y a des milliards de choses que je ne connais pas, à chaque instant de ma vie, mais quand je veux savoir quelque chose, je peux en général, et très très rapidement. Maintenant, je peux ne pas savoir quelque chose que je veux savoir, pour au moins une demi heure, parfois plus.

Et je me rends compte que c'est une drôle de liberté. Ne pas savoir quelque chose signifie que je me promène en étant aveugle, sans un chemin direct, et je dois vivre avec ça, travailler avec ça. C'est intéressant. C'est un moyen différent de vivre. Comme nos ancêtres ont du vivre ! (ou, comme, voyez-vous, moi-même dans les années 90).

Ne pas savoir n'est pas mauvais. C'est juste différent. Et franchement, je pense que c'est en quelque sorte minimaliste. Abandonnons le besoin de savoir, chaque instant de la journée, et laissons nos esprits vagabonder dans le noir pendant quelques temps.